Patrimoine naturel

 

L’interfluve Save-Seygouade et son importance environnementale

En 2009/2010, Marcel DELPOUX réalisait une étude de terrain et un « Plaidoyer pour la Sauvegarde d’un sanctuaire géologique, géomorphologique, floristique, faunistique, phytogéographique et archéologique : l’interfluve Save-Seygouade et ses abords immédiats à hauteur des Gorges de la Save (Montmaurin) », en s’exprimant ainsi :

“Dans son parcours supérieur, un peu en aval du plateau de Lannemezan sur lequel elle prend sa source, la Save, affluent rive gauche de la Garonne, a creusé dans les calcaires dano-montiens  de l’extrémité occidentale des Petites-Pyrénées, des gorges étroites et profondes, sur une longueur de 2 km. Ces gorges, les reliefs karstiques qui les encadrent, la vallée de la Seygouade, affluent rive  gauche de la Save et les affleurements colluviaux et alluviaux qui les recouvrent ou les garnissent ont créé, sous un climat atlantique atténué, une diversité édaphotopographique exceptionnelle qui explique :

– la grande diversité des biotopes, sur une petite surface de 4 kilomètres carrés environ, mis à la disposition des végétaux et des animaux. Il en découle des diversités floristique, phytogéographique et faunistique exceptionnelles obtenues par addition :

o   des éléments biologiques sélectionnés dans le potentiel régional actuel (atlantique, subméditerranéen, bord des eaux, aquatique d’eau douce) ;

o   de peuplements relictuels de formations biologiques à exigences écologiques très différentes (montagnarde, médioeuropéenne, méditerranéenne) arrivées aux moments des grandes fluctuations climatiques quaternaires et maintenues là, grâce à la même diversité écologique définissant des stations refuge particulièrement efficaces.

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A ce titre, l’interfluve Save-Seygouade apparaît comme un véritable conservatoire biologique naturel, mémoire vivante des grandes crises climatiques quaternaires.

Il n’est donc pas étonnant de constater que dès 1987, peu après l’instauration, par le Museum National d’Histoire Naturelle de Paris, de l’inventaire, sur tout le territoire national, des Zones Naturelles à Intérêt Ecologique, Floristique et Faunistique (ZNIEFF), la ZNIEFF des « Gorges de la Save » qui inclut l’interfluve Save-Seygouade à hauteur, et de part et d’autre, des gorges de la Save, première nommée, ait été rapidement validée. C’est une ZNIEFF remarquable abritant plusieurs espèces protégées notamment d’oiseaux (Cincle plongeur, Pic mar, Martinet alpin, etc.) et des chiroptères (Grands Rhinolophes, Barbastelles, Petits Murins, cette dernière espèce de chauve-souris bénéficiant de mesures de protection aux plans national, européen et mondial).

– Ni surprenant que, l’espèce humaine, dès les périodes les plus anciennes de son déploiement en Europe occidentale, ait trouvé sur le même site et ses environs immédiats, des conditions favorables à une occupation précoce, puis, continue : abris karstiques, eau de la résurgence de la Save, diversité paysagère assurant une utile diversité trophique. Grâce aux travaux des archéologues, des trouvailles remarquables démontrent la permanence de cette occupation de l’acheuléen au Moyen-Age : atelier d’outillage lithique d’Esclignac (paléolithique ancien,), mandibule humaine pré néenderthalienne (au moins – 200 000 ans) dans le site de Coupe-Gorge, Vénus de Lespugue mondialement célèbre (- 23 000 ans) dans les gorges de la Save, site gallo-romain de la Hillère à l’entrée amont des gorges de la Save et à 1 km en amont, villa gallo-romaine de Montmaurin, châteaux pré féodaux et féodaux de Roquebrune et de Lespugue, etc.  Au total, cette microrégion est caractérisée par une véritable « nébuleuse » de sites archéologiques « fertiles », nombre d’entre eux, étant classés et protégés.

Utile de manière positive pour les végétaux, les animaux et parmi eux pour l’homme et son habitat, le site s’est révélé, ces dernières décennies, handicapé par la présence du dôme karstique historiquement très hospitalier. En effet, l’économie moderne a augmenté les besoins en matériaux et parmi eux en calcaire sous différentes formes. Les karsts dano-montiens de l’interfluve ont été exploités en carrières jusqu’en 2007. La fermeture de la dernière en activité, a été décidée à la demande de la Commission Régionale du Patrimoine Historique, Archéologique et Ethnologique (CO.RE.P.H.A.E.) de Midi-Pyrénées maintenant intégrée au Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement (C.A.U.E.) de la même région. Il était apparu en effet, qu’il y avait contradiction et incompatibilité entre la sauvegarde du patrimoine archéologique exceptionnel et le maintien de l’activité des carrières de plus en plus destructrices de biotopes, de paysages et de cavités non fouillées, présentant des caractéristiques identiques à celles ayant permis les découvertes archéologiques antérieures.

 
Diversité des biotopes

 

 

Carte ZNIEFF Montmaurin

Carte ZNIEFF Montmaurin

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